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TROUBLES SENSORIELS, SURDITÉ, MALVOYANCE

ANAE N° 129 – TROUBLES NEUROVISUELS / TROUBLES DES APPRENTISSAGES – TSLO

Numéro épuisé - Disponible uniquement en version électronique

Troubles visuo-spatiaux et troubles des apprentissages

Dossier coordonné par le S. Chokron (Unité Vision et Cognition, Fondation Ophtalmologique Rothschild)

Depuis quelques années les chercheurs et les cliniciens s’attachent à définir et à caractériser les troubles visuels, spatiaux et attentionnels chez l’enfant. Ces troubles longtemps ignorés ou confondus avec des troubles ophtalmologiques ou au contraire avec des troubles des apprentissages ont longtemps souffert de leur statut : ils intéressent la fonction visuelle, mais sont pourtant d’origine neurologique puisque les dysfonctionnements responsables se situent entre le chiasma optique et les aires visuelles corticales. De par leur nature, ils intéressent donc la modalité visuelle mais de par leur corrélat anatomique, ils sont plus neuropsychologiques et cognitifs que perceptifs. Mieux connus, mieux caractérisés, mieux dépistés, ces troubles que l’on regroupe en français sous le terme de troubles neurovisuels sont maintenant étudiés de près afin de comprendre comment ils s’insèrent dans la constellation complexe des troubles des apprentissages, du développement et des interactions sociales.

C’est l’objet du présent dossier d’A.N.A.E. qui tente tout d’abord de définir Les Troubles neurovisuels chez l’enfant et leur lien avec les troubles des apprentissages. Dans cet article, Sylvie Chokron, Céline Cavezian et Isabelle Gaudry présentent la sémiologie, l’étiologie et la localisation lésionnelle des troubles neurovisuels d’origine centrale ainsi que les conséquences délétères que ces troubles peuvent avoir sur les apprentissages et les interactions sociales.

Ensuite, Mathilde Muneaux et Stéphanie Ducrot reviennent sur le lien entre vision et lecture au sein de l’article : Capacités oculomotrices, visuo-attentionnelles et lecture : un autre regard sur la dyslexie… Ces auteurs pointent que la plupart des outils de dépistage, diagnostics et pédagogiques, à disposition des professionnels se centrent sur l’évaluation et la remédiation des difficultés de langage oral des enfants et notamment des difficultés d’acquisition des capacités phonologiques alors que le mot écrit est d’abord un objet visuel avant d’être un signe linguistique. L’objectif de cet article est donc de s’intéresser aux capacités oculomotrices et visuo-attentionnelles, particulièrement impliquées dans le traitement visuel de la langue écrite et de mieux comprendre comment un trouble de la fonction visuelle peut altérer la lecture chez les enfants dyslexiques et dyspraxiques.

Enfin, dans leur article Les Troubles visuo-spatiaux dans la dyspraxie : peut-on encore parler de dyspraxie ? Orianne Costini, Chrystelle Remigereau, Arnaud Roy, Sylvane Faure et Didier Le Gall reviennent sur la définition et la description de la dyspraxie et des différents modèles théoriques de ce trouble en insistant sur le fait qu’au-delà d’un simple débat de terminologie, la littérature internationale propose différents niveaux de déficits sous-jacents aux troubles du développement gestuel, parmi lesquels une atteinte des processus visuo-spatiaux. Cet article aborde en détail le rôle et le statut des troubles visuo-spatiaux dans la dyspraxie et réexamine le concept et la nature de ce que l’on qualifie aujourd’hui « dyspraxie visuo-spatiale ».

Les troubles neurovisuels sont invisibles, et souvent méconnus par les enfants eux-mêmes qui grandissent sans savoir que leur vision est déficitaire. Il est donc nécessaire de mieux connaître ces troubles pour mieux les dépister, mieux les prendre en charge, le plus précocement possible, mais également pour améliorer le diagnostic différentiel avec les nombreux troubles des apprentissages décrits ces dernières années. Une plus grande connaissance et reconnaissance de ces troubles devrait avoir un impact très important non seulement sur la pratique clinique mais également sur l’approche plus fondamentale et théorique du développement de l’enfant typique et atypique.

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Les TSLO (troubles spécifiques du langage oral) chez l’enfant

Dossier coordonné par le Pr L. Vallée (Service de neuropédiatrie CHRU Lille)

Dans le champ des « troubles spécifiques du langage oral », il demeure une confusion sur ce que recouvre le terme spécifique. La problématique est d’autant plus marquée en France que coexiste le concept de « dysphasie ».

Historiquement, le terme « spécifique » dans son acceptation « sémiologique » a absorbé des transpositions de la neuropsychologie adulte (modulariste, localisationniste). Au plan « étiologique », le contenu du terme a évolué au fil de l’avancée des connaissances scientifiques – notamment sur la paralysie cérébrale et les syndromes génétiques – et les critères d’exclusion se sont précisés au-delà de la déficience intellectuelle et de la surdité. L’entité clinique a donc pu englober des groupes cliniques très différents. Les termes «spécifique» et « dysphasie » se sont donc chargés de beaucoup d’ambiguïtés et ne recouvrent pas toujours strictement le même sens pour les cliniciens. Nous aborderons le parcours de ces concepts dans une première revue de littérature intitulée : Troubles spécifiques du langage oral (TSLO) : historique et problématique de la spécificité.

Dans un second article Troubles spécifiques du langage oral : spécificité et limites étiopathogéniques, nous effectuons un état des lieux des critères d’exclusion garants du concept et nous abordons les points de débats relatifs à chacun d’eux. Nous abordons également les limites plus générales du concept. En effet, le terme même de spécificité pose question. Il ne semble pas parfaitement décrire la réalité des troubles du neurodéveloppement idiopathiques non responsables d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre autistique, et relativement circonscrits à la fonction langagière. Il délimite une condition pathologique sur la base d’une inconnue : aucune cause n’est décelée au moyen des techniques actuelles d’investigation étiologique, alors même que le substrat neurogénétique est fortement suspecté. Il ne rend pas compte de la complexité des mécanismes étiopathogéniques impliqués : gènes porteurs de vulnérabilité, possibles interactions entres gènes, interactions très précoces avec l’environnement dans l’ontogenèse, impact épigénétique sur la connectivité. Ce concept de spécificité ne prend pas en compte non plus la complexité de la cascade des processus qui induisent cette sémiologie déficitaire du langage oral : l’interaction entre les fonctions cognitives et la complexité des boucles et réseaux engagés variablement au cours du développement. Il n’en demeure pas moins véritablement nécessaire comme « outil de compréhension », et une caractérisation la plus précise possible de ce concept apparaît indispensable.

Nous défendons donc l’utilité du concept de spécificité dans une acceptation rigoureuse : étiologique (trouble non expliqué au plan étiologique) et sémiologique (trouble focal ne s’intégrant pas dans un syndrome cognitivo-comportemental plus large). Il permet au plan étiologique de faire la distinction entre des mécanismes étiopathogéniques très différents même au sein même du champ de la neurogénétique dans le cadre des troubles du langage oral. Au plan sémiologique dans le cadre de troubles associés même discrets, le concept de spécificité permet d’aborder ces troubles comme marqueurs endophénotypiques d’une étiologie commune.

Dans une perspective développementale, il offre un cadre rigoureux de raisonnement diagnostique et thérapeutique et un cadre de recrutement en recherche afin d’établir des groupes homogènes de patients. Les profils, les éléments de variabilité phénotypique et les trajectoires développementales recueillis n’en seront que plus fiables, et les retombées cliniques en rééducation et en prévention de retentissement que plus directes.

Éditorial – Le défi de l’apprentissage des procédures générales

J. GRÉGOIRE

Hommage à Ruben Feuerstein

F. BÜCHEL

DOSSIER

Troubles visuo-spatiaux et troubles des apprentissages

Dossier coordonné par le S. Chokron (Unité Vision et Cognition, Fondation Ophtalmologique Rothschild)

Les troubles neurovisuels chez l’enfant et leur lien avec les troubles des apprentissages

S. CHOKRON, C. CAVEZIAN & I. GAUDRY

Troubles visuo-spatiaux dans la dyspraxie : peut-on encore parler de dyspraxie ?

O. COSTINI, C. REMIGEREAU, A. ROY, S. FAURE & D. LE GALL

Capacités oculomotrices, visuo-attentionnelles et lecture : un autre regard sur la dyslexie…

M. MUNEAUX & S. DUCROT

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DOSSIER

Les TSLO (troubles spécifiques du langage oral) chez l’enfant

Dossier coordonné par le Pr L. Vallée (Service de neuropédiatrie CHRU Lille)

Troubles spécifiques du langage oral (TSLO) : historique et problématique de la spécificité

S. AVENET, M.-P. LEMAITRE & L. VALLÉE

Troubles spécifiques du langage oral : spécificité et limites étiopathogéniques

S. AVENET, M.-P. LEMAITRE & L. VALLÉE

VARIA

Favoriser la production orale chez des enfants non-verbaux avec autisme

F. VERNAY, T. MARRONE & J.-Y. ROUSSEY

LE CAHIER PRATIQUE

Testons les tests : le RCC (Raisonnement sur Cartes de Chartier)

K. TERRIOT