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FONCTIONS EXECUTIVES : ATTENTION, COGNITIONS, ÉMOTIONS, MÉMOIRE

ANAE N° 155 – ÉMOTION ET APPRENTISSAGES SCOLAIRES

Dossier coordonné par Aurélie Simoës-Perlant, Maître de conférences HDR

en psychologie du développement (Université de Toulouse)

Les travaux ici présentés sont issus du premier colloque organisé en France sur la thématique « Émotions et apprentissages scolaires ». De nombreuses recherches s’accordent aujourd’hui sur l’existence d’un lien étroit entre émotion et cognition, tant en neurosciences qu’en sciences humaines. Si l’émotion trouve aujourd’hui sa place dans de nombreuses modélisations du fonctionnement cognitif, à travers l’étude des processus de mémorisation, de résolution de problèmes ou bien encore de prise de décision, ce n’est que très récemment que l’influence des émotions a été discutée dans le cadre plus écologique des apprentissages scolaires.

L’école est un lieu riche en émotions pour les enfants. La joie d’être félicité par l’enseignant, la peur d’être interrogé à l’oral ou la colère d’avoir été injustement puni, sont autant de situations émotionnellement chargées que l’enfant doit gérer en parallèle de son travail scolaire. Il est aujourd’hui établi que les émotions influencent nos prises de décision, nos souvenirs, notre façon de nous exprimer et parfois notre perception du monde. Il reste à préciser en quoi et comment elles favorisent ou affectent les processus d’apprentissage à l’école.

La question des émotions est aujourd’hui largement entrée dans les programmes scolaires et ce, dès l’école maternelle. En effet, exprimer ses sentiments et ses émotions, apprendre à les réguler, confronter la perception de celles-ci avec la perception d’autrui sont autant de compétences exercées dans les activités artistiques et sportives à l’école, mais également, dans un certain nombre d’activités langagières.

Dans ce numéro, nous nous intéressons plus spécifiquement à l’effet des émotions sur les processus d’apprentissage. Bien que les enseignants soient conscients de l’influence de l’état émotionnel de leurs élèves sur leurs apprentissages, le challenge pour la recherche est de recourir à l’expérimentation afin de vérifier, empiriquement, que le fait éducatif qui a été repéré fonctionne effectivement en pratique, démarche vivement soutenue par le Conseil scientifique de l’Éducation nationale.

Dans ce cadre, nous faisons le pari d’une approche écologique en cherchant à collecter des données au sein même de la classe. Dès lors, le chercheur est confronté à deux difficultés méthodologiques majeures : celle de l’induction expérimentale d’un état émotionnel chez un élève et celle de la caractérisation et de la mesure de cet état. De plus, ces questions doivent être traitées en veillant à ce que les procédures expérimentales mobilisées n’interfèrent pas avec les processus émotionnels que le chercheur entend étudier.

Les travaux successivement présentés dans ce numéro ont en commun d’investiguer la question des liens entre émotion et apprentissages scolaires.

  • Un premier article propose une réflexion autour des données qui peuvent être collectées dans une situation écologique d’apprentissage ou d’évaluation, sur la base des émotions déclarées par l’élève lui-même, avant, pendant et après l’activité.
  • Une série de 4 articles propose ensuite une approche expérimentale visant à appréhender les effets des émotions sur la compréhension du langage écrit à travers les processus d’identification, d’accès au lexique et de récupération en mémoire.
  • Les 3 articles suivants tentent de caractériser l’effet d’un état émotionnel sur la production écrite et l’attention auprès de différents publics d’apprenants : jeunes enfants, enfants présentant des troubles des apprentissages et apprenants adultes de français langue étrangère (FLE).
  • Constatant le manque d’outils permettant d’évaluer l’intensité d’un état émotionnel chez le jeune enfant, un article propose une échelle d’autoévaluation inspirée de la mesure de l’intensité de la douleur chez l’enfant non-lecteur.
  • Dans une dimension didactique, les 2 derniers articles discutent des effets de l’émotion sur la compréhension d’une œuvre littéraire d’une part et sur la compréhension d’une œuvre musicale d’autre part.

Éditorial – Apprendre à favoriser les rôles bénéfiques des erreurs.

É. GENTAZ

DOSSIER

Avant-propos – Émotions et apprentissages scolaires

A. SIMOËS-PERLANT

Émotions et apprentissages scolaires : que nous apprend l’étude des émotions déclarées ?

F. CUISINIER

De la lecture d’un mot à sa mémorisation : influence des processus lexico-émotionnels

S. MATHEY, A.-M. CAMBLATS, C. BALLOTS, A. BROCA, V. POSTAL & C. ROBERT

Le contexte langagier émotionnel favorise-t-il l’apprentissage de nouveaux mots chez les apprentis lecteurs ?

P. GOBIN, V. BALTAZART, R. POCHONI & N. STEFANIAK

Évaluation du lexique émotionnel chez l’enfant de 8 à 11 ans

A. SIMOËS-PERLANT & C. LEMERCIER

Les dessins humoristiques pour appréhender les compétences inférentielles des enfants âgés de 6 à 10 ans

N. BLANC, S. CREISEN & E. BRIGAUD

Effet d’une induction émotionnelle sur l’orthographe lexicale d’enfants présentant des troubles du langage écrit et d’enfants normo-scripteurs

L. SOULIER

Effet de l’émotion sur la production orthographique d’adultes FL1 et FL2

C. GUNNARSSON-LARGY & P. LARGY

Quand la congruence émotionnelle influence l’attention sélective chez l’enfant

S. BENINTENDI

De l’auto-évaluation de l’état émotionnel du jeune enfant : l’échelle AEJE

P. LARGY

Émotion et compréhension de l’œuvre musicale au cycle 3 de l’école primaire

F. MAIZIÈRES

L’émotion, puissance d’interprétation dans la mise en voix des textes littéraires

P. CHIRON & PH. CHOMETY

VARIA

Quel est le rôle de l’écriture manuelle dans la mémorisation de l’orthographe des mots ?

O. GROJAN & J.-C. HOUILLON