Dossier coordonné par Florence Delorière, Christophe Jouffrais, Sandrine Marlin,

Marc Maudinet et Serge Portalier, Conseil scientifique FISAF

Quels sont les impacts sur l’autonomie des personnes et sur les pratiques des professionnels ? Technologie, autonomie, éthique et transformation

Les technologies, et aujourd’hui l’intelligence artificielle (IA), ont évolué rapidement au cours des dernières décennies, entraînant des transformations, tant pour les personnes en situation de handicap que pour les professionnels qui les accompagnent. Ces transformations s’inscrivent dans ce qu’il est convenu de nommer la « société numérique », où les réseaux sociaux et la plateformisation des échanges nous engagent dans un nouvel imaginaire individuel et collectif.

Plus spécifiquement, le déploiement rapide des nouvelles technologies, basées notamment sur l’intelligence artificielle, pose la question de leur intérêt dans le domaine des déficiences sensorielles et des « DYS ». En effet, les appareils portables, comme les smartphones, peuvent intégrer des algorithmes d’IA sophistiqués qui constituent des technologies d’assistance très utiles : à titre d’illustrations, un smartphone peut désormais offrir un guidage auditif en temps réel pour la navigation dans des environnements complexes, ou bien fournir une description détaillée de l’environnement dans lequel l’utilisateur se trouve, grâce à des fonctions de vision par ordinateur très efficaces. Les algorithmes d’IA permettent aussi d’offrir un meilleur accès à des contenus numériques grâce à des capacités d’analyse de contenus et de synthèse vocale, améliorant ainsi la façon dont les personnes interagissent avec les informations écrites.

L’intégration de ces nouvelles technologies peut avoir un impact significatif sur l’éducation spécialisée, en fournissant de nouveaux outils aux enseignants et en assistant les élèves avec déficiences. Ces nouveaux outils pédagogiques peuvent offrir un même contenu dans divers formats, améliorant ainsi l’accès au matériel pédagogique. Les élèves peuvent ainsi bénéficier d’expériences d’apprentissage plus efficaces et efficientes, d’outils éducatifs multisensoriels et les enseignants peuvent améliorer leurs méthodes pédagogiques pour mieux répondre aux besoins.

Nous pouvons donc penser que les technologies et l’intelligence artificielle (IA) ont le potentiel de transformer profondément de nombreux champs sociaux, mais aussi la vie quotidienne des personnes en situation de handicap, tout comme les pratiques des professionnels et des organisations qui les accompagnent.

Mais à quelles conditions les technologies peuvent-elle renforcer l’autonomie des personnes, leur pouvoir d’agir et l’accessibilité de façon générale ?

● Quels sont les principaux enjeux à appréhender pour favoriser l’efficience et l’implémentation des nouvelles technologies ?

● Quelles sont les dimensions éthique et juridique incontournables pour disposer d’un cadre d’intervention structuré et protecteur ?

● De toute évidence, la recherche – notamment appliquée – sur ces nouvelles technologies ne peut se faire sans la participation des parties prenantes que sont les personnes en situation de handicap et les professionnels qui les accompagnent. Mais comment les chercheurs intègrent-ils cette dimension de la participation et de la co-construction dans leurs travaux ?

● Enfin, l’apport des technologies pour les personnes en situation de handicap, notamment concernant leurs habiletés sociales, transforme le « rapport à la différence ». De quelles façons les représentations sociales sont-elles requestionnées à travers ces mêmes technologies ?